L’athlétisme malagasy traverse l’une des pires crises de son histoire. Discipline longtemps considérée comme un atout majeur pour la Grande île lors des Jeux, elle est aujourd’hui devenue « un fardeau », selon les mots de Depa Sakaraha. « On a cru qu’en écartant les soi-disant moins bons, on réglerait le problème. On a cru qu’en intimidant des clubs ou des ligues, on avancerait. On a cru qu’en agissant seul, on pourrait sauver l’athlétisme. Résultat : « on a creusé notre propre tombe. », a-t-il lancé en fustigeant les membres de la Fédération malagasy d’athlétisme.
Derrière ce constat amer, l’ancien dirigeant pointe du doigt un système gangrené par l’orgueil, les règlements de comptes et l’isolement des compétences. Les meilleurs athlètes s’en vont dans l’indifférence, les rares talents expatriés ne sont jamais consultés, et la relève semble déjà compromise.
« Dans quatre ans, ce sera encore pire si on ne change pas maintenant. Le temps joue contre nous. », a-t-il affirmé.
Pour Depa, l’heure est aux actes, pas aux discours. « Donnez-leur place aux entraîneurs qui font leurs preuves, offrez des moyens aux techniciens régionaux compétents, impliquez les anciens dans la gestion. Et vous, anciens champions, arrêtez de vous contenter de votre gloire passée : créez des clubs, payez des pointes, soutenez vos jeunes. L’athlétisme a faim de performances. »
Un appel qui sonne comme un dernier avertissement. Derrière les excuses qu’il présente « à genoux » à ceux qui se sentiront visés, Depa assume un seul objectif, secouer un milieu qui, selon lui, s’endort dangereusement. « Ce n’est pas avec la critique seule qu’on reconstruit. C’est avec des actes. Sinon, préparez-vous à enterrer l’athlétisme malagasy pour de bon. »
Elias Fanomezantsoa